Le danger et l’ennui
“Le 8, au coucher du soleil, on signala, du haut des mâts, un convoi anglois qui rangeoit la côte vers le sud-est. Pour l’éviter mous fîmes fausse route pendant la nuit. Dès ce moment il ne nous fut plus permis d’avoir de la lumière dans la grande chambre, de peur d’être aperçus de loin. Cette précaution, employée à bord de tous les bâtimens marchands, et prescrite dans les réglemens des paquet-bots de la marine royale nous a causé un ennui mortel pendant les traversées que nous avons faites dans le cours de cinq années consécutives. Nous avons été constamment forcés de nous servir de fanaux sourds pour examiner la température de l’eau de la mer ou pour lire la division du limbe des instrumens astronomiques. Dans la zone torride, où le crépuscule ne dure que quelques minutes, on se trouve réduit à l’inaction dès six heures du soir.”
Alexander von Humboldt, 1799