Le navire et l’ouragan
“Un ouragan qui s’est déclaré entre Madère et les Canaries et dont tout ce que je pourrais vous dire ne saurait vous dépendre la fureur a réduit notre navire dans l’etat le plus déplorable. Sans gouvernail et presque sans mat nous sommes restés pendant quatre jours et trois nuits le jouét de la mer et des vents qui l’un et l’autre nous ont tourmentés dans tous les sens et paraissoient avoir décidé notre perte. Uniquement occupé au pomper apeine avions nous le temps de prendre quelques nourritures pour nous soutenir, et il en est même plusieurs parmis nous qui ne croyant plus en revenir se sont réffusés à tout ce que je pouvais leurs offrir pour les encourager.
[…] L’imposibilité de pouvoir réparer le navire et ce qui en aurait couté en suposant la chose possible a décidé le consul de la Republique à en prononcer la condanation après avoir rempli les formules necessaires en sorte que nous sommes ici sans savoir encore quand ni comment nous en sortirons. On attend pour prendre un parti l’arrivée de commandant général de ces îles sur le secours du quel le consul se repose pour suivre notre destination ayant à sa disposition deux prises anglais dont il ne sais que faire et l’une d’elle peut nous convenir. ”
Nicolas Baudin, 1796