La pêche
“Les mers qui environnent l’Isle Tenerif sont tres abondantes en poissons de differentes especes. Les peches se font, ou par des filets, ou à la ligne, celle cy est la plus ordinaire. […] Les poissons les plus exquis se pechent au Nord de L’isle, tel qu’est le Pampano, poisson très rare. Il demeure toujours au fond de L’eau et ne monte jamais sur la surface; pour le prendre les pecheurs se servent des lignes de mille deux cents pieds geometriques de longueur. […] La peche des Anjouas, Taçartes, Chacaronas, Samas, que les habitants de Tenerif vont faire tous les ans, à la Riviere de L’Oro, ou Baye de Santiago, et devant Ste. Croix sur les côtes de Barbarie, est d’un très grand secours pour tous les habitans des Isles Canaries et principalement pour les païsans, qui n’ont pour toute nourriture que les poissons. Lorsque cette peche manque, les habitans de toutes les Isles s’en ressentent, c’est une perte considerable pour les pauvres gens.”
Louis Feuillée, 1724
“On s’amusa aussi à la pêche du maquereau. Ce poisson, presque le seul qu’on trouvât alors en cet endroit, y étoit si abondant qu’il sembloit que tous ceux de la mer voisine s’y étoient rendus. On n’avoit qu’à jeter la ligne, l’on étoit sûr d’en retirer un poisson, souvent même sans le secours de l’amorce. Les gens du pays en font la pêche d’une manierebien plus avantageuse. Dès que la nuit est venue, et par une mer tranquille, ils s’arment de flambeaux, et ils se dispersent avec leurs canots dans toute la rade, à une lieue à la ronde. Arrivés dans les quartiers qui leur paroissent les plus poissoneux, ils s’arrêtent tenant leur flambeau au-dessus de l’eau, de maniere qu’il les éclaire sans les éblouir et dès qu’ils voient le poisson se jouant sur l’eau, rassemblé autour de la lumière, ils donnent un coup de filet, qu’ils vuident aussi-tôt dans leur canot ; ils vont aussi toujours pêchans jusqu’à ce que leur provision soit faite.”
Michel Adanson, 1749