L'arrivée. Alexander von Humboldt
“À cinq heures, le soleil étant plus bas, l’île de Lancerote se présenta si distinctement que je pus prendre l’angle de hauteur d’une montagne conique qui domine majestueusement sur les autres cimes, et que nous crûmes être le grand volcan qui avoit fait tant des ravages dans la nuit du 1º septembre 1730.
Le courant nous entraîna vers la côte plus rapidement que nous ne le désirions. En avançant, nous découvrîmes d’abord l’île de Fortaventure, célèbre par le grand nombre de chameaux qu’elle nourrit ; et, peu de temps après, nous vîmes la petite île de Lobos, dans le canal qui sépare Fortaventure de Lancerote. Nous passâmes une partie de la nuit sur le tillac. La lune éclairoit les cimes volcaniques de Lancerote, dont les pentes, couvertes de cendres, réflétoient une lumière argentée. Antarès brilloit près du disque lunaire, qui n’étoit élevé que de peu de degrés au-dessus de l’horizon. La nuit étoit d’une sérénité et d’une fraîcheur admirables. Quoique nos fussions très-peu éloignés des côtes d’Afrique et du bord de la zone torride, le thermomètre centigrade ne se soutenoit cependant pas au-dessus de 18º. La phosphorescence de l’Océan paroissoit augmenter la masse de lumière répandue dans l’air.”
Alexander von Humboldt