Bénédiction des Palmes
J’aimais à parcourir de nouveau cette vaste cathédrale que j’avais visitée cinq ans auparavant dans une première excursion à Canaria. La cérémonie de bénédiction des Palmes que j’y avais vu célébrer ne s’était pas effacée de mon souvenir. L’intérieur du temple présentait l’aspect le plus pittoresque: le sol était jonché de verdure; des branches de lauriers d’Inde et de genêts, mêlées à d’autres plantes aromatiques, exhalaient les plus suaves parfums. Les Canariennes étalaient ce jour là toute leur parure. Que de doux regards on saisissait sous leurs élégantes mantilles!
Les éventails aux paillettes d’or vibraient dans leurs mains avec une rapidité merveilleuse; ce jeu varié et soutenu était toujours accompagné de gracieux sourires: on eût dit un essaim d’oiseaux de paradis, aux ailes diaprées, voltigeant sous un ciel de feu. C’était un ravissant tableau de belles femmes et belles fleurs au milieu d’une illumination éclatante et d’une atmosphère embaumée. Les palmes, qu’on agitait de toute part, produisaient un frémissement harmonieux: portés en grande pompe aux accords de la musique et des chants sacrés, ces superbes rameaux donnaient à la fête l’apparence d’un triomphe.
Sabin Berthelot, Miscellanées canariennes (1839)