Combat de coqs
Après ce combat gymnique les coqs eurent leur tour, et mes romeros me conduisirent dans une maison voisine qu’on désignait sous le nom de la Casa de la Gallera. On avait élevé une balustrade circulaire au milieu de la cour; les parieurs se tenaient en dehors, tandis que les curieux prenaient place dans les galeries supérieures. Les coqs destinés au combat étaient gardés dans des cages couvertes qu’on déposait autour du cirque. Un amateur proposa le premier pari: il se posa en fauconnier, son coq sur le poing, et s’adressant au parti contraire: «C’est un filipino, dit-il avec orgueil, il pèse quatre livres et deux onces; je l’assure pour dix doublons!Je le tiens» répondit aussitôt un marquis de L’Orotave en montrant son champion. On apporta des balances et les deux coqs se laissèrent peser avec une héroïque résignation. Celui du marquis tirait trois onces de plus, mais le propriétaire du filipino lui fit grâce de cet avantage. Alors, avant de lâcher les combattants, on leur enleva les gaines de cuir qui recouvraient leurs éperons, et l’attaque commença de part et d’autre avec une égale intrépidité: après les premières passes, le filipino se mis en fuite poursuivi par l’ennemi. Ruse de guerre!
Sabin Berthelot, Miscellanées canariennes (1839)