Le costume de paysan
Du reste les insulaires des Canaries portent le costume de paysan des environs de Sèville dans toute son originalité: la veste de velours à plusieurs rangs de boutons brillants ; la chemise blanche serrée négligemment autour du cou par un mouchoir de couleur dont les bouts se jouent sur un gilet ingénieusement brodé; la culotte, que soutient au-dessus des hanches une large ceinture rouge, dessine parfaitement les parties inférieures du corps jusqu’au genoux, où l’étoffe, d’ordinaire semblable à celle de la veste, se terminant par deux petites pointes ornées de grélots de métal précieux, laisse paraître des jambes nerveuses qu’étreignent, au moyen de nombreuses boucles, des guêtres d’un cuir très fort; enfin, le chef est couvert, non de la gracieuse résille, mauvais abri contre un soleil brûlant, mais d’un chapeau pointu de feutre gris, retroussé sur les bords et absolument pareil à ceux qui mettent nos
Ce costume, qui semble bizarre au premier coup d’œil, finit par plaire au bout de quelques instants par sa bizarrerie même. Il n’en est pas ainsi de celui de paysannes, qui aux Canaries, comme dans beaucoup d’autres pays, sont condamnées au travail et à une dépendance absolue. Leur toilette m’a semblé très peu gracieuse, dépouillée même de cette teinte de coquetterie que les femmes savent si bien mettre dans leur habillement, quelque commun qu’il soit.
Cyrille-Pierre Laplace, Campagne de circumnavigation de l’Artémise (1841)