Viajeros del siglo XIX en Canarias

Fundación Canaria Orotava de Historia de la Ciencia

Orotava

Si la vallée d’Orotava n’a pas sa pareille au monde, la ville qui lui donne son nom a une physionomie que n’appartient qu’à elle. C’est ne plus la froide régularité de Sainte-Croix ni la triste monotonie de La Laguna, c’est un labyrinthe compliqué de rues et de ruelles montueuses, tortueuses et enchevêtrées, tracées sans plan, se coupant à tort et à travers, faisant entre elles les angles les plus invraisemblables, larges ici, étroites plus loin, commençant on ne sait où, n’aboutissant nulle part, ne se souciant en aucune façon des accidents de terrain, attaquant de front les pentes les plus ardues et descendant à fon de train ravins et précipices.

[…] Il y a à Orotava beaucoup d’antiques maisons seigneuriales datant des premiers temps de la conquête. Leurs portes majestueuses sont surmontées d’écussons. Elles ont des balcons en bois sculpté d’un travail exquis et d’énormes corniches en saillie.

[…] Absolument isolée du monde, l’Orotava a une physionomie calme et parfaitement heureuse qui séduit au premier abord. C’est, on l’a dit, le véritable rus in urbe dont parle Horace. Comme on est loin ici du bruit et des agitations des villes! Il semble que les indigènes n’aient d’autre souci que de couler des jours sereins.

Jules Leclercq, Voyage aux Îles Fortunées (1880)