Santa-Cruz de La Palma
Dans ce coin perdu de l’Atlantique, je suis agréablement surpris de retrouver une petite ville d’un aspect riant, commerçant et animée. Une grande rue principale, pas trop déclive, parce qu’elle est parallèle à la mer, elle fait exception à la règle; au milieu, une place avec l’hôtel de la poste et ses portiques, l’église avec son vaste perron, puis l’inévitable barranco, très large, tout rempli de cultures et planté de nombreux palmiers. Immédiatement au-dessus de nos têtes la montagne qui s’élève rapide, toute couverte de belles forêts d’un vert sombre.
De nombreux paysans descendent des hauteurs et apportent leurs provisions à Santa-Cruz; ils portent tous, hommes et femmes, la montera, coiffure nationale particulière à l’île et de forme singulière: c’est une espèce de cylindre en drap bleu foncé, bordé de rouge, ouvert aux deux extrémités et terminé par une visière de même étoffe. Je la reproduis ici; son aspect en fera comprendre la forme. D’autres paysannes, endimanchées sans doute, ont remplacé la montera par un coquet petit chapeau de paille qu’elles portent sur le front. Un léger voile de mousseline vient entourer leur face intelligente et vient s’enrouler sur les épaules; leurs manches de chemise couvrent seules leurs bras; un étroit tablier blanc à bavette, se détachant sur la robe sombre et sa bordure voyante, complète l’ensemble de ce charmant costume qui rend si gracieuses les jolies habitantes de La Palma.
Adolphe Coquet, Une excursion aux Îles Canaries (1884)