Santa-Cruz de Tenerife
Nous fîmes notre entrée à Santa-Cruz par une porte de bois. La ville nous parut grande et agréable: ses rues droites, larges, aérées, ont des trottoirs pavées en pierres rondes et inégales, que bordent des dalles de lave. La chaussée est poudreuse et semée de petits cailloux; les édifices offrent un agréable aspect. Habituellement une vaste cour, entourée d’une colonnade qui supporte les galeries, sert de vestibule et de magasin. Au centre, des citernes reçoivent les eaux pluviales; on fait ensuite filtrer ces eaux dans des petits réservoirs d’une pierre poreuse dont le bassin supérieur, supportés par des ornements d’un goût moresque, est bordé des plants aquatiques.
L’escalier, qui est sur un des côtés de la cour, monte vers un bâtiment qui n’a tout au plus que deux étages. Les appartements, dont le plafond laisse voir de longues charpentes, paraissent tristes parce qu’il sont d’une grandeur démesurée; par cela même on y trouve une fraîcheur que l’ardeur du climat rend si désirable. La muraille, simplement recrépie, est tapissée de tableaux de dévotion, de gravures, de glaces d’une petite dimension.
Jules Dumont d’Urville, Voyage autour du monde (1859)