Le pic
Les laves modernes ont jailli au milieu des ruines d’un ancient systême de déjections beaucoup plus anciennes, dont les immenses lambeaux forment la charpente de l’île et soutiennent le plateau sur lequel le Pic s’est élevé. Leurs plus grans escarpemens tournés vers sa cîme, s’élancent à plus de 300 toises au-dessus de tous les nouveaux produits.
[…] Ce qu’on a dit de la vivacité du froid, de la foiblesse des liqueurs spiritueuses et de la difficulté de respirer sur le Pic n’est pas plus exact. Au reste, j’ai déjà éprouvé plusieurs fois que l’opinion généralement reçue à cet égard est plus qu’exagérée; je vous assure que le froid était très supportable, que les liqueurs n’avoient rien perdu de leur force, que les vapeurs hydro-sulfureuses n’étoient point mauvaises à respirer et que la rareté de l’air ne nous incommodoit nullement, quoique elle nous eût forcé à faire des pauses assez fréquentes en approchant du sommet. En fin, ce que l’on a débité et répeté dans les ouvrages très-modernes sur l’apparence du disque du soleil vu de dessus le Pic est absolument faux.
Pierre-Louis Cordier, Lettre à L. Cordier (1803)